Malgré les publicités d’Énergir qui font miroiter une abondance de gaz naturel renouvelable (GNR) produit grâce à vos cœurs de pommes, la réalité est que le gaz distribué par Énergir demeure composé à 99 % de gaz fossile➀. Selon le règlement en vigueur, la portion de GNR devrait augmenter graduellement pour atteindre 10% en 2030. Ainsi, si les distributeurs gaziers atteignent la cible réglementaire (ce qui semble incertain), ils continueront en 2030 à distribuer du gaz d’origine fossile à 90%.
Mais la production de GNR à grande échelle pour chauffer les bâtiments serait de toute façon une mauvaise idée➂. Elle comporterait des risques écologiques et climatiques importants puisqu’elle dépendrait entre autres de prélèvements massifs de biomasse forestière, menaçant ainsi l’équilibre des écosystèmes forestiers et la biodiversité ➃➄. Elle encouragerait le maintien des méga élevages industriels qui lui fourniraient le lisier et le fumier nécessaires à sa fabrication alors que ces élevages sont de grands émetteurs de gaz à effet de serre et de grands pollueurs des ressources hydriques➅. Elle entrerait en contradiction avec la lutte au gaspillage alimentaire➆ qui fournit une part substantielle de la biomasse résiduelle dont les usines de biométhanisation se nourrissent en milieux urbains.
Enfin, tout comme le gaz fossile, le GNR n’est pas inoffensif pour le climat. Il est composé lui aussi presque entièrement de méthane, un puissant gaz à effet de serre, et toute fuite de GNR pendant sa production, sa distribution et sa combustion a le même effet sur le climat qu’une fuite de gaz fossile➇.
Bref, vu le parc hydroélectrique déjà bâti, l’idée d’injecter du GNR dans un réseau gazier qui sert principalement à chauffer les bâtiments ne tient pas la route! Et ça le restera, même si le pourcentage de GNR augmentait grandement. Il serait préférable de produire du GNR en quantités limitées et de le réserver pour des besoins difficiles à électrifier tels que certains procédés industriels ou les besoins d’énergie de communautés éloignées non connectées au réseau électrique.
Vous pouvez contribuer à sortir le gaz des bâtiments du Québec. Rejoignez le mouvement!
Hydro-Québec et Énergir ont annoncé en juin 2022 une entente visant à convertir à la biénergie des bâtiments chauffés au gaz afin que l’électricité remplace le gaz 70% du temps et que le gaz prenne le relais le reste du temps, notamment pendant les pointes de demande. Selon ses promoteurs, la biénergie ferait baisser les émissions de gaz à effet de serre (GES) des bâtiments. Malheureusement, les prétendus avantages de la biénergie ne résistent pas à l’examen des faits.
Le premier hic, c’est que le programme de biénergie prolonge l’utilisation du gaz dans les bâtiments en encourageant le renouvellement des vieux systèmes au gaz et en enfermant les client·e·s dans des contrats d’au moins 10 ans, alors que l’on devrait convertir au 100 % électrique tous les immeubles chauffés au gaz dès la fin de la vie utile de leurs appareils.
Le deuxième hic, c’est que la biénergie peut en fait coûter plus cher aux ménages qui s’en prévalent que l’électrification complète. En effet, une étude publiée par Écohabitation en octobre 2022 a démontré que, pour les nouveaux bâtiments résidentiels unifamiliaux, la biénergie électricité-gaz pourrait coûter 17 % de plus que l’électricité au tarif Flex D d’Hydro-Québec, en utilisant un système de chauffage central avec accumulateur de chaleur et une thermopompe➀. Ces équipements permettent de décarboner les bâtiments tout en gérant efficacement les pointes de demande d’électricité par grand froid.
Le troisième hic, c’est qu’en vertu de l’entente annoncée en juin 2022, Hydro-Québec a accepté de compenser Énergir pour ses diminutions de revenus en puisant dans ses fonds propres➁ pour un total qui devrait atteindre 2,41 milliards $ d’ici 2050 et qui réduira d’autant les dividendes qu’elle versera à son principal actionnaire… nous➂!
Bref, le seul gagnant de cette entente de biénergie est Énergir et c’est pourquoi il s’agit d’une option à éviter.