Foire aux questions

La coalition Sortons le gaz


Quelle est la raison d’être de la coalition ?

La coalition Sortons le gaz! réunit des organisations environnementales, citoyennes et syndicales qui se sont donné pour but de promouvoir la sobriété et l’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment tout en accélérant le passage de la totalité du parc immobilier du Québec à des sources d’énergie 100 % renouvelables. Elle s’emploie à faire connaître les vrais impacts du gaz dit naturel sur la santé et l’environnement, à promouvoir les avantages de le remplacer et à faire connaître les façons d’y arriver en informant la population ainsi que les décideuses et décideurs de tous les paliers. 

Qui sont les membres de la coalition ?

Les membres de la coalition sont l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME), Écohabitation, Équiterre, la Fondation David Suzuki, Environnement vert plus, la Fondation Coule pas chez nous, Greenpeace, Imagine Lachine-Est, Nature Québec, le Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ), le Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ), Sortons la Caisse du carbone, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP),  For Our Kids, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC) ainsi que Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC). Quelques autres organisations affichent leur collaboration et leur soutien à la campagne Le gaz, naturellement risqué sans officiellement être membres de la coalition, comme Vivre en Ville, Mères au front, le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Mtl) et le Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE). Certains groupes collaborent aussi avec la coalition de manière ponctuelle.

La campagne Le gaz, naturellement risqué

 

Quelles sont les grandes lignes de la campagne Le gaz, naturellement risqué᠎ ?

La campagne s’attaque aux mythes répandus par l’industrie gazière en insistant sur les risques pour la santé des populations, pour l’environnement et pour les finances de maintenir le gaz dit naturel dans nos demeures et lieux de travail. Elle propose aussi des solutions de rechange plus sûres et plus écologiques. 

La campagne vise aussi à soutenir les municipalités qui s’engagent pour la décarbonation des bâtiments et à accroître la pression sur le gouvernement québécois afin qu’il modifie la réglementation pour interdire le raccordement de tout nouveau bâtiment au réseau gazier, de même que le renouvellement des équipements existants fonctionnant à cette énergie fossile.

Le gaz naturel et le gaz naturel dans les bâtiments au Québec

 

Qui sont les distributeurs gaziers au Québec ?

Énergir (anciennement Gaz Métro) distribue environ 97 % du gaz dit naturel consommé au Québec et Gazifère environ 3 % (en Outaouais).

Le gaz naturel distribué au Québec est-il un combustible fossile ?

Le gaz naturel renouvelable (GNR) représente environ  2 % des volumes dans le réseau d’Énergir et le gaz naturel d’origine fossile représente environ 98 % de ces volumes. Depuis 2019, le règlement qui concerne la quantité de gaz dit naturel et renouvelable devant être livrée par un distributeur exige que la proportion de « gaz de source renouvelable » minimale injectée dans le réseau gazier atteigne 2 % en 2023. Le règlement a été mis à jour en août 2022 et comprend maintenant deux nouvelles cibles, soit celle de 7% en 2028 et 10% en 2030. Selon ce règlement, 90 % du gaz dit naturel consommé serait donc encore du gaz fossile à l’horizon 2030, et ce, pour des besoins qui pourraient majoritairement être comblés par l’électricité.

De quoi est composé le gaz naturel ?

Le gaz dit naturel distribué par Énergir au Québec est composé à 96 % de méthane.

Comment le gaz naturel contribue-t-il au réchauffement climatique ?

Le gaz dit naturel contribue au réchauffement climatique sous la forme de dioxyde de carbone (CO2) lorsqu’il est brûlé (tout comme l’essence, le mazout et le diésel), mais aussi tel quel lorsqu’il s’échappe dans l’atmosphère sous la forme d’émissions fugitives de méthane (CH4) à toutes les étapes de son extraction – lors de son transport, de sa distribution, de son traitement et de sa combustion, ainsi qu’après la fermeture des puits de forage. Même un faible taux d’émissions fugitives rend le gaz dit naturel aussi et même plus dommageable que le pétrole ou le charbon, car le pouvoir de réchauffement global du méthane est 80 fois plus élevé que celui du CO2 sur un horizon de 20 ans. Depuis quelques années, de nombreuses recherches tendent à démontrer que les taux d’émissions fugitives rapportés par l’industrie et comptabilisés par les gouvernements sont grandement sous-estimés.

Pourquoi se hâter de sortir le gaz naturel des bâtiments ?

En 2020, le gaz naturel a fourni 15 % de l’énergie consommée par les bâtiments et été responsable de 63 % des GES émis par le secteur des bâtiments (5 Mt de GES, soit 7 % des rejets totaux de GES du Québec ou l’équivalent de ce qu’émettent 1,6 million de voitures/an*). Sortir le gaz des bâtiments permettrait de réduire de 7 % les rejets totaux de GES du Québec et de réaliser du même coup la décarbonation complète du chauffage des bâtiments et de la cuisson par cette seule mesure, combinée au retrait déjà entamé des appareils au mazout, il suffirait d’interdire l’installation d’équipements au gaz, qu’il s’agisse de nouveaux équipements ou du remplacement d’équipements en fin de vie, en s’inspirant du Règlement sur les appareils de chauffage au mazout édicté en novembre 2021. Rappelons que, malgré les milliards dépensés par les gouvernements, les émissions totales de GES du Québec ont reculé d’à peine 2,7 % en près de 30 ans, entre 1990 et 2019.

Notez qu’on a observé un recul de 10,5 % des émissions de GES entre 2019 et 2020, l’année 2020 ayant été marquée par la pandémie de COVID-19 et étant possiblement non-significative pour cette raison.

*Hypothèse d’une consommation moyenne de 9L/100km pour 15 000km/année.

Pourquoi cibler le gaz naturel dans les bâtiments quand le secteur des transports est celui qui émet le plus de GES au Québec ?

Plusieurs des organisations membres de la coalition mènent aussi des campagnes ambitieuses pour faire diminuer rapidement l’empreinte carbone du secteur des transports et des autres secteurs émetteurs de GES. Elles ont décidé de cibler vigoureusement le gaz dit naturel afin de faire échec aux stratégies que l’industrie gazière utilise pour verdir son image et retarder son inévitable sortie du marché.

De plus, comme l’ont souligné des chercheurs et chercheuses de l’Institut de l’énergie Trottier de Polytechnique Montréal dans une publication récente, « la maturité des solutions permettant de décarboner les bâtiments permet à ce secteur de s’engager résolument sur cette voie avec un calendrier serré pour compenser les difficultés rencontrées dans d’autres secteurs, tels que celui du transport ».

La biénergie et les défis liés aux pointes de demande d'électricité

 

On dit parfois qu’il est indispensable d’avoir recours à la biénergie (électricité-gaz) parce que si on n’utilisait pas le gaz en renfort pendant les pointes de demande, le réseau d’Hydro-Québec ne pourrait pas répondre aux besoins en puissance lors des périodes de grand froid. Qu’en est-il ?

Pour Énergir, le programme de biénergie est une bouée de sauvetage destinée à ralentir l’échouement de ses actifs gaziers, et ce, alors que les scientifiques du monde entier s’accordent à dire qu’il faut s’affranchir de manière urgente de toutes les énergies fossiles pour éviter le naufrage climatique. Pour Hydro-Québec, promouvoir le recours au gaz pendant les périodes de pointe hivernales de demande d’électricité est une solution de facilité qui lui évite de rehausser ses ambitions, historiquement fort timides, d’aplanissement de la pointe.

Comme le disait Philippe Mercure dans La Presse le 31 octobre 2022, la question qu’on doit se poser est : « […] pourquoi attendre ? Le Québec s’est engagé à devenir carboneutre en 2050. La pointe hivernale, nous devrons un jour la gérer sans la béquille des combustibles fossiles. Pourquoi ne pas s’y attaquer dès maintenant ? »

Comment serait-il possible de sortir complètement le gaz des bâtiments sans obliger Hydro-Québec à augmenter ses capacités de production d’électricité ou à importer de l’électricité (souvent de sources polluantes) pendant les périodes de pointe ?

Pour éviter de surcharger le réseau d’Hydro-Québec, il faut réduire la consommation d’électricité en général et, en hiver, en déplacer une portion en dehors des heures de pointe. Il existe un vaste bouquet de solutions et de combinaisons de solutions qui conviennent aux différentes situations, notamment : l’amélioration de l’efficacité énergétique de l’enveloppe des bâtiments, les thermopompes (3 à 4 fois plus performantes que les plinthes électriques, pourtant toujours subventionnées par Hydro-Québec), les accumulateurs thermiques (une technologie ancienne et éprouvée, aussi subventionnée par Hydro-Québec), la domotique, la tarification dynamique, l’agrégation et le contrôle des charges (Hilo), ainsi que la géothermie.

En ce qui concerne le parc immobilier futur, la solution qui s’impose pour éviter toute pression sur le système électrique, en pointe et hors-pointe, est la mise en place de normes de construction tendant vers des bâtiments à consommation énergétique nette zéro.

Récemment, Hydro-Québec a affirmé qu’il était irréaliste de vouloir sortir le gaz des bâtiments montréalais, considérant que le réseau de transport et de distribution qui alimente Montréal n’aurait pas la capacité de répondre à cette charge supplémentaire et que, par conséquent, il faudrait construire de coûteux postes et lignes de distribution sur l’île de Montréal. Qu’en est-il ?

Oui, c’est un fait, la société d’État devra investir dans ses infrastructures pour soutenir la transition. La construction de postes et de lignes (ou leur agrandissement) font d’ailleurs partie des actions normales à faire pour assurer le service et répondre à la croissance de la demande. Un rapport de la Vérificatrice générale soulignait d’ailleurs l’enjeu du sous-investissement dans les infrastructures électriques du Québec et l’impact de celui-ci sur la transition et l’adaptation aux changements climatiques.

Dans tous les cas, la décarbonation a un coût moins élevé que l’inaction. La sortie du gaz des bâtiments, tout comme la décarbonation des transports et des industries, vont requérir d’importants investissements dans le réseau électrique, ce que malheureusement, Hydro-Québec tarde à faire.

Est-il vrai que l’électrification des bâtiments pourrait compromettre les autres projets d’électrification, et même le développement économique de la métropole ?

Il faut savoir distinguer choix politiques et capacités techniques. Dans son Plan d’approvisionnement 2023-2032, Hydro-Québec prévoit une croissance des besoins de puissance à la pointe hivernale de 4131 MW à l’horizon 2032. De cette croissance, 1329 MW sont prévus pour les secteurs économiques émergents (hydrogène, filière des batteries, chaînes de blocs, serres, centres de données), 458 MW pour la croissance du secteur industriel et 1709 MW pour les véhicules électriques (sans aucun déplacement des charges prévu pour la recharge de véhicules).

Autrement dit, ce plan met l’électricité « propre » du Québec au service de la croissance économique et du développement industriel, ainsi que du maintien d’une politique de mobilité qui privilégie l’auto-solo, plutôt qu’au service de la décarbonation complète des bâtiments. Il s’agit là d’un choix politique et non d’un enjeu de capacité.

Le gaz naturel renouvelable (GNR) et les vraies solutions de rechange au gaz naturel

 

Le gaz naturel renouvelable (GNR) est-il réellement une solution de rechange au gaz naturel fossile ?

Le gaz distribué par Énergir est composé à environ 98 % de gaz fossile et à environ 2 % de GNR. Selon le règlement en vigueur, la portion de GNR devrait augmenter graduellement pour atteindre 10 % en 2030. Ainsi, si les distributeurs gaziers atteignent la cible réglementaire, ils continueront, en 2030, à distribuer du gaz d’origine fossile à 90 %! Cette sortie du gaz fossile est beaucoup trop lente dans le contexte de l’urgence climatique.

La production de GNR à grande échelle pour chauffer les bâtiments serait de toute façon une mauvaise idée. Elle comporte des risques écologiques importants, dépendant entre autres de prélèvements massifs de biomasse forestière, lesquels menaceraient l’équilibre des écosystèmes forestiers et la biodiversité. De plus, il n’est pas évident qu’elle serait économiquement réaliste, étant donné la compétition pour les gisements de biomasse résiduelle qu’elle utiliserait. La production du GNR dépend aussi du maintien des élevages industriels et de la perpétuation du gaspillage alimentaire, en plus de faire concurrence au compostage.

Enfin, le GNR, comme le gaz fossile, est composé presque entièrement de méthane, donc toute fuite de GNR pendant sa production, sa distribution et sa combustion a le même effet sur le climat qu’une fuite de gaz fossile.

Par conséquent, le GNR devrait être produit avec parcimonie et être réservé à des usages pour lesquels le gaz est réellement irremplaçable (les usages dits « sans regret », principalement en industrie), et non servir au chauffage des bâtiments.

Si le gaz naturel renouvelable n’est pas une bonne option pour remplacer le gaz naturel fossile dans le chauffage des bâtiments, quelles sont les vraies solutions de rechange ?

La première solution – qui ne présente aucun risque écologique – est l’économie d’énergie par des normes de construction dignes du 21e siècle pour les nouveaux bâtiments, ainsi que l’amélioration de l’enveloppe thermique pour les bâtiments déjà existants. Il existe aussi un vaste éventail de solutions techniques qui varient selon les situations et qui sont énumérées dans la réponse à la question ci-haut.

Les travailleuses et travailleurs dont les emplois sont touchés par la sortie du gaz

 

La sortie complète du gaz provoquerait des pertes d’emplois. Cela ne vous inquiète pas ?

Le moment est vraiment venu de rompre notre dépendance aux énergies fossiles et d’investir notre argent dans une économie locale, durable et résiliente. Ce faisant, il est essentiel de prendre bien soin d’accompagner les travailleuses et travailleurs dont les emplois seront touchés et de soutenir les efforts des syndicats en ce sens. Une transition juste doit être une priorité pour permettre de répartir équitablement les coûts et les bénéfices entre les différentes parties prenantes de la société ainsi qu’entre les générations actuelles et à venir.

Le rôle des municipalités et du gouvernement du Québec

 

Quel rôle les municipalités peuvent-elles jouer dans la sortie du gaz des bâtiments du Québec ?

Sans détenir tous les pouvoirs de réglementation en matière d’énergie, les municipalités peuvent contribuer grandement à la décarbonation des bâtiments. Le récent rapport de recherche du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), Les pouvoirs des municipalités de réglementer les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments, présente plusieurs moyens que les municipalités québécoises peuvent utiliser à cette fin.

En octobre 2023, la Ville de Montréal a publié son Règlement sur les émissions de gaz à effet de serre des nouveaux bâtiments, se plaçant à l’avant-garde des villes nord-américaines engagées dans une action climatique concrète. À la fin de l’année 2023, plus d’une dizaine de municipalités (Beloeil, Boucherville, Candiac, La Prairie, Laval, Lavaltrie, Mandeville, Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park, Petit-Saguenay, Prévost, Saint-Bruno-de-Montarville, Saint-Cuthbert, Saint-Lambert, Saint-Narcisse, et Très-St-Rédempteur) avaient également adopté des résolutions sur la décarbonation des bâtiments, invitant du même coup les autres municipalités du Québec à emboîter le pas. En avril 2024, la Communauté métropolitaine de Montréal, qui compte 82 municipalités représentant la moitié de la population du Québec, a adopté un règlement interdisant l’installation d’un appareil de chauffage d’espace ou d’eau alimenté par un combustible fossile dans les nouveaux petits bâtiments de son territoire.

Quel est le rôle du gouvernement du Québec dans la sortie du gaz des bâtiments du Québec ?

Le gouvernement du Québec pourrait – et doit – assurer la sortie complète et ordonnée du gaz dit naturel des bâtiments simplement en retirant son appui au programme de biénergie gaz-électricité et en adoptant un règlement interdisant l’installation d’un appareil de chauffage ou de cuisson au gaz dans les bâtiments résidentiels, commerciaux ou institutionnels, qu’il s’agisse de nouveaux équipements ou du remplacement d’équipements en fin de vie, en s’inspirant du Règlement sur les appareils de chauffage au mazout édicté en novembre 2021. Actuellement, le gouvernement fait le contraire, en subventionnant la biénergie dans la nouvelle construction et avec le PL 41 et le PL 2.

Pour aller plus loin